Un parachute tombe du ciel. À l'intérieur, un brownie. Avec un petit mot. «Crève avec classe. ♥» Je lève ma main vers le ciel, avant de faire un très joli doigt d'honneur. Oui, je suis la finesse exprimée à son apogée. Mais bon. Je vais pas cracher sur le pain qu'on m'offre. Donc, ce brownie finit tout droit dans mon sac. Qui lui, finit au dessus du cadavre de la rousse, appuyé contre le mur. Je pose ma tête contre son corps sans vie. L'hymne illumine la nuit. Je ne m'amuse pas à compter les morts. Je retiens juste qu'Eva est encore en vie. Et que la fille que j'avais tué venait du Douze. L'obscurité retombe dans l'arène. Et je sombre dans un sommeil sans rêves.

Lorsque je me réveille, ma tête est toujours contre le cadavre, appuyé lui-même contre un mur. Un bon bout de mon corps est sous l'eau. Je me lève. Le corps de la fille est toujours là. Et j'ai dû l'utiliser comme coussin. Ce qui n'est pas exactement très joli. Je mange un BN et demi, et je bois deux gorgées d'eau. Je regarde une dernière fois le cadavre. La personne que j'ai tuée. Avant de prendre mes affaires, faire volte-face, et d'aller vers la porte. Pour sortir finalement de cette maudite salle. Et rentrer dans une nouvelle.

C'est... plein d'arbres. De plantes en général. C'est beaucoup plus humide ici. Ma respiration en est tout de suite affectée. Et c'est chaud. Très chaud. Si chaud qu'on pourrait d'évanouir. Même lors des pires journées d'été dans le Neuf, en travaillant dans les champs, c'est pas si chaud que ça. Je bois une autre gorgée de ma bouteille, en la terminant. Tant pis. J'en ai une autre. Je la range dans mon sac, au cas où. Et ensuite, je commence à marcher, en cherchant... la personne que je vais devoir tuer.

Je ne sais pas depuis combien de temps je marche. Quelques heures? Quelques minutes? Ou juste quelques secondes? Je sais pas. J'ai perdu la notion du temps. Mais soudainement, je vois surgir de derrière un arbre une fille. Celle du Dix, peut-être? Avant que j'ai pu faire quoi que ce soit, elle saute contre moi, en me jetant contre l'arbre derrière moi. Entre la chaleur et la confusion, l'idée de me défendre m'est même pas passée par le crâne. Je reste là, hébété. Je la vois sortir sa fourchette. Et me la planter dans le bras. Un hurlement s'échappe de ma gorge. Elle l'enlève, et j'en profite pour la pousser. Elle s'emmêle les pieds, et tombe par terre. Je me jette sur elle, en commençant à la remplir de coups de poing sur le visage, et en essayant d'ignorer la légère douleur à mon bras. Encore et encore. Je sens des os craquer. Elle qui crie. Mais je continue. Frapper. Frapper. Encore. Encore. Toujours. Mes bras agissent tous seuls. Comme si mon cerveau les contrôlaient plus.

Lorsque je reviens en moi, son visage est... meurtri. Elle saigne du nez et d'un oreille. Un de ses yeux est crevé. Son nez est sûrement cassé. Mais elle est toujours en vie. Elle respire faiblement. Devant moi, je n'ai plus cette fille qui voulait me tuer. J'ai une fille dont la vie, maintenant, n'est plus qu'une souffrance sans fin. Je ne connais pas son passé. Son nom, son District, sa famille... Même si je mourrais maintenant, elle ne pourrait pas gagner. Donc, c'est presque la pitié qui me fait bouger. Je me rapproche d'elle. Et je lui tord le cou. Je peux presque voir ses poumons essayer de recevoir de l'air. Inutilement. Car je lui ai sans doute détruit la trachée, ou quelque chose du genre. Peu après, un coup de canon confirme mon idée. Je prends ses affaires, qui étaient toujours dans son sac, accroché dans son dos, avant de boire encore. De manger deux biscuits. De nettoyer ma blessure. Et de m'éloigner de son cadavre.