Quelques secondes après, la porte se referma derrière moi. En avant de moi, ce n'était qu'un couloir infini. Il faisait définitivement aussi sombre que dans la grande pièce du Bain de sang. On suffoque ici. C'est très, même trop humide. Au point où il y a de la moisissure d'humidité partout, même sur le plafond. Tellement humide que j'ai de la misère à respirer. Beaucoup trop d'eaux dans l'air. Je regardai vite fait ce qu'il y avait dans mon sac: deux petits biscuits, une bouteille d'eau et une fourchette. Great. Maintenant, je décidai de continuer mon chemin rapidement pour sortir d'ici. Ça ne fait même pas encore 10 minutes que je suis ici et ma tête tourne déjà. Je marchai donc rapidement, en faisant attention de ne pas tomber à cause du sol glissant, vu la moisissure qui y régnait.

J'arrivai finalement, plusieurs minutes plus tard, en fait quasiment une heure plus tard, à une porte. Je l'ouvris et je tombai dans une pièce bizarre. D'un coup, ma porte se referma. J'essayai de l'ouvrir, peu à faire, elle était verouillée. Dès que je me retournai, je vis un garçon, qui lui arrivait la même chose. Maintenant je su quel était notre destin. Il fallait se battre, jusqu'à la mort. Trouver le point faible de l'autre, et le tuer. Mais ne serais-ce qu'un pas me prenait un temps fou. La gravité, quasi inexistante, lancer mes hachettes ne ferait absolument rien. Elle commenceraient à voler dans les airs. J'avançai donc tant bien que mal, sur cette surface qui ressemblait beaucoup - et de loin - à la surface de la lune. Toute cette pierre blanche.. bientôt tachée de sang rouge. J'allais donc vers lui, je crois que son nom est Klan, ou quelque chose comme ça. Je ne me souviens plus très bien de quel district qu'il vient, mais à n'en voir ses cernes tous ses traits, on voit bien qu'il ne vient pas d'un district facile. C'est parfait.

Je m'approchai alors de lui encore plus, il avait une faux. Même s'il essayait de m'attaquer avec, j'aurai le temps de l'éviter. Ici, c'est main nues, ou rien. Ici, l'élan ou autre, rien n'y fait. Vous avez que les actes et la force. Rendu à sa position, je pris ma force corporelle et essayai de le faire tomber avec une main à son coup. J'était plus fort physiquement que lui. Mais, tout peut arriver, il faut donc être prudents. J'avais laissé mon sac plus loin pour m'éviter d'avoir quelque chose qui me perturberait. J'ai garder mes hachettes à ma ceinture, juste au cas où. Lui, il avait son sac, petit et inutile, sa faux, grande et trop lente dans les circonstance. Moi j'avais mes hachettes, inutiles ici, sauf pour trancher. Quoi que, s'il a le même contenu dans son sac, il a une fourchette. Mais rendu à ce point, il ne pourra même plus toucher à son sac. Il sera trop occuper à essayer de dégager ma main qui serre sa gorge, mais sans succès. Tandis que mon autre main s'occupe de travail restant.

Je me trouvais dans un long couloir blanc. Blanc et lumineux. Comme les hôpitaux. Je n'en avais pas côtoyé souvent... Mais pour l'accouchement de ma petite amie, ses parents avaient réussi à lui avoir une place. Je me sentais mal à l'aise. Allais-je pouvoir sortir d'ici ? Je continuais d'avancer. Pas à pas. Prudemment. Peut-être que quelque chose se tapissait dans la lumière. Je ne voulais pas mourir stupidement. Et se faire attaquer par surprise, c'était mourir stupidement. Après une trentaine de minutes de marche infinie, je débouchais sur une seconde porte. Blanche. J'hésitais. Il n'y avait personne ici... Pourquoi ne pas attendre tranquillement ? Attendre les coups de canon ? Attendre. Attendre. Encore attendre. Finalement, après de longues secondes d'hésitation, je regardais ce que contenais mon sac. Je n'y avais pas pensé avant... Mais j'avais effectivement récupéré un sac. D'ailleurs, la faux qui allait avec était encore entre mes mains moites. Bouteille d'eau, BN, fourchette ? Fourchette ? Je la glissais au niveau de ma taille, à moitié dans mon pantalon. Celui-ci était assez serré pour la maintenir en place. Je faisais souvent ça avec mes stylos et mes billets, à la mine. Je pouvais la sortir n'importe quand le plus facilement du monde comme ça ! Au cas où je venais à perdre le sac et la faux... Juste au cas où. D'ailleurs, j'espérais que mes prédictions s’avéreraient fausses. Je ne voulais pas me retrouver avec une fourchette pour seule arme.

Ma main se saisit de la poignée... Et tout d'un coup, je me mettais à flotter. Flotter comme une bulle. C'était drôle. Ça me rappelait des souvenirs avec les enfants du district. J'espérais pouvoir en créer d'autres avec ma propre fille. Pour l'instant, j'étais seul dans cet immense espace. Mes mouvements étaient ralentis. Je ne savais pas trop pourquoi. Mais ouais, c'était vachement drôle. J'en aurais presque oublié le côté "sanglant" de ce qui allait bientôt se produire... La mort des tributs. Ma mort ? Je vis une nouvelle porte s'ouvrir devant moi, au loin. Quelqu'un apparut. Un allié peut-être ? Un carrière ? Je plissais des yeux pour mieux voir sans réellement avoir le réflexe de fuir. A vrai dire, ici, c'était impossible. On pouvait voir tout ce qui se passait à des mètres et des mètres à la ronde. Meeeerde. C'était Bartholomew. Clairement un ennemi. Un carrière d'un district non conventionnel, mais un carrière quand même. D'ailleurs, il n'avait pas perdu de temps pour s’acoquiner avec eux.

Sans me laisser plus de temps de réflexion, ses mains se retrouvèrent soudainement autour de mon cou. J'allais crever étouffé ? Non... Impossible. Réfléchis Klein, Réfléchis. Plus vite, plus vite. Je sentais des gouttes de sueur perler de mon front. Des images de mes proches défilaient dans ma tête. Le manque d'oxygène commençait à se faire sentir, au même titre que la pression sur mon cou. Je tenais le manche de ma faux de la main gauche. Et d'un coup le plus sec possible avec cette atmosphère bizarre, j'essayais de trancher au niveau de ses jambes. La seule partie que je pouvais correctement viser dans cette position. Il allait sûrement l'éviter d'un bon. J'en profitais, avec la gravité, pour lui asséner un coup avec mes pieds joints sur le torse. Se plier dans la bonne position sans risquer de tomber (et donc de s'étrangler plus) était facile ici... Heureusement pour moi. Recule Bart, recule. Je voulais simplement que tu recules. Te blesser au passage évidemment, aurait été un avantage non négligeable. Et sur un troisième front, je me saisis de la fourchette à ma taille de mon habile main droite et la dirigeais droit dans son avant-bras pour qu'il lâche prise. Vas-y Klein. Vas-y !

Je tenais sa gorge entre mes mains. Ma poussée n'avait pas réussi à le faire tomber. J'avais pas pensé à toute cette gravité. Il était impossible pour moi d'utiliser de l'élan. Ici, l'élan, c'était inexistant. Donc, ma main à sa gorge, j'observai ses yeux qui avaient l'air.. en détresse. Je pourrais dire que c'est normal, vu sa position plus que malchanceuse. Je serrai alors un peu plus mon étreinte. Jamais rien ne me ferai enlever cette main de cette gorge, absolument rien. D'un coup, je vis bouger son bras tenant son arme. Pire décision de sa part qu'il aurait pu prendre. Utiliser sa faux ici ? Non mais, il vient de s'enlever une chance de me battre, déjà qu'elles étaient minces.. Ce combat était pitoyable.

Lentement, sa faux vint près de mes jambes. Je n'avais qu'a les levers, puis les redscendre, sans force, sans aucun saut. Juste, plier et déplier. Aussi simple que ça. Et C'est ce que je fis. Je n'appelais même pas ça éviter une attaque. Quoi que, sans cette gravité, une hachette dans la tronche et ça se serait terminé là. Par la suite, il essaya de me heurter avec des coups de pieds au ventre. Déjà, la gravité et toute cette misère qui me bloque autant dans mes attaques, fait de même dans les siennes. Les coups heurtent mon ventre, en m'offrant une douleur partielle, un étouffement minime. Le coup n'était pas solide, mais c'était un cou quand même. Par le fait même je décidai de mettre ma deuxième main autour de son cou, cette fois-ci en serrant mes doigts au niveau de la pomme d'adam. Là où on peut crever en un rien de temps. Lorsque j'allais pour appuyer, je vis sa fourchette s'envenait pour toucher mon bras. J'avais deux choix. Recevoir cette fourchette en plein bras et endurer la douleur, pour ensuite le tuer. Ou bien éviter cette blessure minime et risquer de perdre ma chance. On ne me le répeterai pas deux fois.

D'un cou, on entendis un crac sonore au niveau de son coup. Je venais d'enfoncer sa pomme d'adam directement dans ses voix respiratoires, d'un coup sec. Je sentis son corps se raidir et je n'entendais plus aucune respiration. C'était terminé. Il ne pourrait plus respirer et même, le sang ne pourra pas juguler à sa guise. Par le fait même, la fourchette entra délicatement dans mon bras. Quoi que ce soit une blessure minime, ça faisait mal. Je lâcha donc prise, ma victime qui, pour le moment vie, mais pas pour longtemps. Vu qu'il ne peut plus respirer. « Merde, que t'es con toi, ça fait un mal de chien ! », criai-je. J'arrachai cette fourchette de mon bras et de mini goutelettes tombèrent en flottant. Je regardais alors mon adversaire, qui chancelait, ne pouvant plus respirer. Le boom s'envenait. Je le sentais, j'allais gagner ce combat. Maintenant, c'était terminé.

Son corps était inerte sur le sol. Mais aucun frisson me parcouru. Mais aucune larme versa sur ma joue. Mais aucune pensée ne sera troublée. Mais aucun geste ne sera commis. Mais aucune mentalité ne sera changée. Mais aucune passion ne sera modifiée. Rien n'avais changé. Absolument rien. Tuer quelqu'un, était un acte facile, abominable aux yeux de plusieurs, mais facile. Je n'étais même pas stupéfait. Seulement troublé de constater que cette mort ne me troublait point. J'étais un sans coeur, voilà. Je venais de commettre un meurtre horrible, et aucune émotion ne me traversait. Je n'allais pas devenir fou pour ça. Je n'allais pas avoir sa mort sur ma conscience toute ma vie. Rien de tout ça. Dans le fond, je suis fait pour gagner à ces jeux. Être le deuxième gagnant du septième District. Se serait marrant non ? Le District 7 serait vénéré. Mais.. À quoi bon ? À quoi ça sert d'être vénéré ? À absolument rien. Je ne savais même pas pourquoi j'étais ici, à tuer pour le plaisir du Capitole. Pour rendre fier mon père ? Oui, mais fier de quoi ? Comment un père peut être fier de voir son enfant tuer un autre adolescent ? Ça me dépasse.. Il va falloir que je lui en touche deux mots après être sorti d'ici, vivant.

Je pris alors la faux du cadavre, rangeai mes armes sur ma ceinture et vola ce qui avait dans son sac, soit sa bouteille d'eau et ses deux biscuits. Laissant la fourchette à cet emplacement, dans le sac. Je pris ensuite que ses bottes, sa tuque et sa chemise et les mis dans mon sac, au cas où je serai blessé ou que j'ai besoin de vêtements supplémentaires. Ou alors que je sois prisonnier d'un endroit froid. Si les couloirs peuvent êtres humides, ils peuvent êtres froid, j'en suis sûr. Ensuite, je fixai mon avant bras. Quatres petits trous s'alignaient au niveau du muscle. Je pouvais serrer et desserrer mon bras parfaitement. Le seul problème, c'était quand je forcais mon avant bras. Même si ce n'étais pas intolérable, j'avais quand même une douleur gênante. Pas pour me faire perdre un combat, certe, mais assez pour m'agaçer. J'avançais donc vers la porte où le garçon était entré... verouillée. Je me conduisis alors vers l'autre porte, tranquillement.. verouillée.

« Ah merde ! », fis-je.

Je m'installai donc, sur un des murs, mangeai deux biscuits, bu ma première d'eau au complet et essaya de me reposer. Ce ne fut pas bien long avant que mes yeux se ferment. Espérant me réveiller dans mon district.

Dans les reflets de la lune, un petit colis métallique suspendu par un parachute arrivant de nulle part tomba aux côtés d'un tribut bien chanceux pour son genre. Celui contient:

- Cadeau Colosseum

Un petit mot y était inscrit, avec une écriture soignée:
❝ Je fonde de grands espoirs en toi. N'entache pas la réputation montante de ton district et surtout, ne me fais pas avoir tort. ❞