Il faisait noir là-dedans. Aussi avais-je sorti ma lampe torche. Je marchais complètement à l'aveuglette. Cette fois au sens propre du terme. Mais le faisceau lumineux m'aidait bien. Je préférais ne pas me presser. J'étais déjà assez amochée. En plus, j'avais enlevé mes chaussures. Elles étaient dans mon sac. J'allais peut-être pouvoir en faire quelque chose plus tard. Seulement, pour l'heure, elles me ralentissaient plus qu'elles ne m'aidaient. J'étais pieds nus. Je progressais. Je tâtais chaque morceau de pierre un peu trop imposant. Tant que ça me permettait d'éviter les risques inutiles, je préférais m'en tenir à ça. Et puis, j'étais seule. Seule contre onze autres. Mieux valait rester en bonne forme.

Je débouchais finalement sur une immense grotte. Les parois quasi-translucides luisaient d'une lumière apaisante. Celles-ci contrastaient avec le lac qui se trouvait au centre de la pièce. L'eau était sombre. Sombre comme l'onyx. Profonde comme les abysses. Encore plus que celle de la corne. Mes yeux s'y perdirent un instant. Mais je secouais vivement la tête pour sortir de mes réflexions. Sur le lac se trouvait une magnifique île. Je ne savais pas de quoi. C'était un peu différent de ce qu'on avait vu jusqu'à présent. Ça restait cependant dans la même veine. En tous les cas, un morceau de ce truc là devait valoir un beau pactole. Si seulement j'étais tombée sur un machin pareil dans mon district. J'aurais déjà été riche. Je plissais un peu plus des yeux et pus également distinguer un coffre, là-bas, au loin. Allais-je risquer ma peau dans cette eau bizarroïde pour un coffre peut-être bidon ? 

BON tant pis. Quand faut y aller, faut y aller. Au pire, j'allais mourir dans d'atroces souffrances. Au mieux j'allais choper un bidule super. Je gardais mon sac sur le dos, avec ma faux à nouveau attachée aux lanières. Ma gourde avait rejoint le reste de mes affaires dans la bâche puis dans le sac. Je pris une grande respiration avant de rentrer dans les flots obscurs. Je n'étais pas exactement la spécialiste de la natation. A vrai dire, le boucher m'avait jetée dans un lac après qu'il m'eut attrapé à chaparder dans ses étales. Mais c'était là ma seule expérience avec l'eau. La trouille me bouffait les intestins... Et si un monstre agrippais les pieds pour m'attirer vers le fond ? Et si l'eau était toxique ? Et si l'eau était en fait de l'acide lent et que je commençais à brûler une fois sur l'îlot ? Des tonnes de questions se bousculaient dans mon esprit. Mais aucune réponse ne daignait frapper à la porte. Je prenais grands soins de garder la tête hors de l'eau. Plonger là-dedans m'aurait sûrement rendue aveugle.   

Alors qu'elle nage dans l'eau, des lianes fluorescentes surgissent du fond et s'enroulent autour de la totalité de ses jambes, lui infligeant des brûlures moyennes et l'entraînant vers le fond, lui faisant boire la tasse par la même occasion.

Elle réussit à s'en sortir, mais les brûlures restent douloureuses.

Le liquide était glacial. Aussi glaciale que la mort elle-même. Le silence rajoutait à cette ambiance étrangement morbide. Le décor, pourtant, était plus que fascinant. Toutes ces belles choses faisaient rêver les plus petits. Moi, en l'occurrence. Moi la voleuse de bas étage. Moi, la fille dénuée de remords. Moi, la fille associable et marginale du district neuf. Moi, l'orpheline rejetée. Une mauvaise herbe parmi tant d'autres. Des frissons parcouraient mon corps. Je continuais de progresser dans cette mare noir pétrole. Mes souvenirs tourbillonnaient dans mon esprit. Ma vie de misère. Gagner les Hunger Games était une opportunité en or... Il fallait juste que je me montre plus maligne que les onze autres.

Soudain, ce que je craignais arriva. Quelque chose m'agrippa violemment les jambes et m'attirait désormais vers le fond. Chier. Ma tête passa sous l'eau. Je ne voyais strictement rien dans ce noir. Et en plus ça brûlait ces machins. La peur m'étouffait. Je me débattais du mieux que je le pouvais. L'air me quittait, mais je continuais à bouger. Dans un dernier élan d'espoir, j'attrapais la faux et fendait les dernières plantes pour qu'elles me libèrent.  

J'arrivais finalement (presque) saine et sauve sur la rive. J'enlevais les derniers bouts de lianes qui continuaient de brûler ma peau. Mes jambes semblaient avancer d'elles-mêmes vers le coffre. Ma main s'apprêtait à l'ouvrir. Mes yeux miroitaient. Qu'allais-je y trouver ? Pourquoi j'étais persuadée qu'une bestiole allait en sortir pour me bouffer les organes vitaux ? Je n'avais pas confiance en ma chance. Mais on disait qu'elle tournait. Peut-être que c'était mon tour, d'avoir de la chance... En tous les cas, j'allais m'en sortir avec ou sans. Rampante, handicapée ou à moitié morte. Ma volonté devait supporter le poids de mes ambitions. Je pouvais gagner. Et je devais gagner. Pour prendre ma revanche. Ma revanche sur le monde. J'essayais de me graver ces phrases dans l'esprit. Une sorte de leitmotiv. Vivre ou mourir... Il faut choisir. Et je choisis la vie.

Après avoir réchappé aux lianes et atteint l'îlot, en ouvrant le coffre, elle découvre un livre, à la couverture sombre. En l'ouvrant elle s'aperçoit qu'il contient un plan détaillé de l'ensemble de l'arène avec tout les pièges. Elle ne pourra donc être victime d'aucun accident causé pas les juges et trouve une liste de toute les plantes medicinales se trouvant dans la forêt (zone 2) ainsi que leurs vertus.

Une fois l'objet en main, l'îlot se met soudainement à trembler et commence à s'enfoncer dans l'eau. Les lianes ne font effet qu'une fois et elle rejoint la berge sans problème. 

J'ouvrais donc le coffre et y découvris... Un livre. Un foutu livre de mes fesses bordel de merde ! J'avais fait tout ce chemin pour un bouquin ! Je feuilletais rapidement son contenu. Pour voir si les créateurs de l'arène s'étaient foutus de notre gueule jusqu'au bout en y mettant des absurdités. J'étais frustrée. Frustrée d'avoir ma main a demi-pétée, frustrée de ressembler à un épouvantail brûlé, frustrée d'avoir été moissonnée parmi les milliers d'autres enfants du district. POURQUOI MOI ? Je donnais un coup de pied dans le vide quand je constatais soudainement que c'était des plans... Et des conseils. Des indications. Je plissais des yeux comme si ça allait m'aider à mieux lire. Mais je n'eus pas le temps de m'y attarder plus longtemps. Le sol commença à trembler sous mes pieds.

Je plaçais le livre dans la bâche puis dans mon sac, et je plongeais directement dans l'eau noire pour regagner l'autre côté de la rive. Je nageais aussi vite que possible. Mes brûlures me faisaient souffrir la mort. Il fallait que je trouve quelque chose pour les soigner... J'avais entendu quelques coups de canon. D'après ce que m'avait dit cet ivrogne de Jan, ça représentait la mort d'un tribut. Des adversaires en moins, chouette. Mais ce n'était certainement pas les carrières. Et dès que les choses touchaient à eux, tout devenait étrangement compliqué. Je voulais tellement m'en débarrasser. Je ne savais pas comment. Et ça me crevait le cœur et l'esprit. Mon cerveau avait envie de me balancer d'un pont et de me faire écraser par un bus. Sérieux. C'était trop casse-tête.

J'arrivais sur la terre ferme. En position assise, je repris le livre entre les mains pour le parcourir plus en profondeur... Pièges... Zones... Plantes. Des plantes médicinales. Encore fallait-il que je puisse trouver mon chemin jusqu'au coin des végétaux. Bon beh... Qui ne tente rien n'a rien. Je rangeais le livre et me levais douloureusement. Je prenais la lampe torche entre les mains et je commençais le chemin arrière, ma faux fermement tenue dans l'autre. 

Une fois que Charlie est sortie de la zone par le tunnel, des gros morceux de cristaux se détachent de la falaise et finissent leurs chutes au bas de la falaise, bouchant l'entrée à la zone 5.

Cette zone est maintenant inaccessible.