Le capitole c'était plutôt cool sous certains aspects. Si on omettait le fait qu'on allait très certainement mourir dans une arène dans quelques jours, les divertissements proposés aux tributs étaient fabuleux. Rien que les misérables insectes que nous étions n'auraient pu voir ou tester chez eux. Évidemment, comme d'habitude, les carrières étaient des exceptions. Ils connaissaient tout, savaient tout et buttaient tout surtout. Quoique celui du un ne m'avait pas semblé particulièrement hautain lors de notre rencontre, ce matin. Il s'était même montré d'une remarquable gentillesse. Une discussion fort intéressante pour moi qui essayais de me trouver un troisième allié. Je n'avais pas vu Jazz trainer dans le coin d'ailleurs. Peut-être avec Grant, le mentor du district sept. Une vraie peau de vache au masculin ce gars. Bref. C'était les (més)aventures de Maxine au Capitole en direct du... Capitole !

Pour l'heure, mon propre mentor et moi venions de terminer une petite séance d'entraînement. Et mes muscles étaient complètement engourdis. J'allais être courbaturée demain, je le sentais. J'aurais bien pris un bon bain bien chaud, mais l’hôtesse me faisait tellement mal aux oreilles que j'avais préféré me rendre à la piscine. Je pris quand même la peine d'avaler quelque chose à bouffer avant de partir. Mon estomac criait tellement famine qu'on pouvait m'entendre deux étages plus bas. En même temps, je n'avais pas mangé ce matin. Ni ce midi. Ni la veille d'ailleurs. Pas réellement pour me conditionner pour l'arène. Juste parce que je n'avais tout simplement pas faim sur les instants. Mais visiblement, mon ventre ne semblait pas du même avis vingt-sept heures plus tard.

Quelques minutes de marche et je me trouvais devant la piscine. Je me changeais vite fait et m'apprêtais à descendre par l'échelle quand je vis soudain la tête blonde du gars du district deux sortir de l'eau. Il se plaça sur le bord de la piscine. Je fis de même. Je pris soins de garder une bonne dizaine de mètres entre nous. J'avais peur de lui adresser la parole et de me ramasser un vent monumental. Je regardais l'eau azurée d'un œil hagard. Je n'avais pas eu la chance d'apprendre à nager dans mon district. Et c'était là qu'on constatait avec flagrance la différence de niveau de vie entre ici et chez moi. Chez les districts pauvres. J'aurais tant aimé vivre une vie d'insouciance. De loisirs. De plaisirs. Avec ma sœur. Avec ma mère. Sans ma salope de belle-mère et ses trois boulets de fils.

Une voix me tira de mes réflexions. Le gars du district deux s'était décidé à engager la conversation apparemment. « Coucou. Moi c'est Maxine, du district trois. Mais tout le monde m'appelle Max. » Dis-je avec un sourire aux lèvres. Beh oui, quand on faisait le premier pas vers moi, j'étais toujours sympathique. Enfin. Presque toujours. « Sinon, ça va très bien, merci de t'en soucier. Et toi ? La forme ? » J'avais vaguement l'impression qu'il me fixait. D'ailleurs, il me complimenta juste après. Il y avait des manières, certes, plus classe de le dire, mais c'était tout de même flatteur de sa part. « J'en avais une vague idée... Tu sais, t'es pas mal non plus. » Répondis-je de mon habituel ton "relax". Beh oui, no stress quoi. Une discussion paisible entre deux tributs et un peu de flirt ne peuvent pas faire de mal. Ses abdominaux saillants ressortaient à cause de l'eau qui dégoulinaient. Je hasardais un regard discret avant de reporter mon attention sur l'eau et de soupirer longuement. Si l'arène était remplie une piscine géante, j'étais complètement foutue. « Au fait, ça t'arrive souvent de venir te baigner à minuit ? Histoire de savoir si ça vaut le coup de venir la nuit prochaine. » C'était sur le ton de la blague évidemment. Je l'aurais presque poussé dans la piscine si il ne faisait pas trente centimètres de plus que moi et probablement pas loin en kilogrammes également. Détail important, c'était aussi un carrière... Et il n'appréciait peut-être pas ce genre d'enfantillages. Je préférais ne pas tester ma théorie. « D'ailleurs, je t'aurais bien proposé de piquer une tête, mais je ne sais pas nager. » Avouais-je avant qu'il n'ait la même brillante idée que moi quelques secondes plus tôt. Morte noyée, c'était la dernière chose que je voulais. Quoique l'image du blond venant me sauver ne me déplaisait pas plus que ça.   

L'atmosphère semblait étrangement sereine. A cet instant précis, nous n'étions plus au Capitole, mais dans une bulle, à l'écart de tout. Je ne voulais pas en sortir. Je ne voulais pas rejoindre ce monde cruel. Et encore moins pour atterrir dans cette arène sordide où nous allions tous devoir nous entretuer pour qu'au final, un seul d'entre nous ressorte vivant. Je m'étais attachée à trop de gens pour m'en séparer. Ou même pour les tuer. Jazz par exemple. Ma blondie. Une très bonne pote. Nous nous étions trouvés ici, au Capitole, parce qu'on venait de districts différents. J'avais tendance à m'attacher aux gens trop rapidement. Et j'avais l'impression que ça allait bientôt me coûter cher. Moi, j'allais hésiter à les tuer. Je n'allais peut-être même pas avoir le courage de leur faire. Mais eux ? Tant de questions restaient en suspend. Tant de questions qui demeuraient sans réponses. La seule certitude que j'avais, c'était que je ne voulais absolument pas mourir. Combien même ma famille ne me plaisait pas. Combien même ma vie semblait pourrie. Je voulais vivre.

Son baiser sur la joue me ramena à la réalité. Je sursautais légèrement. Plus par surprise que par peur. Il venait donc tous les soirs. Peut-être que j'allais repasser dans le coin la nuit prochaine alors. Si j'avais une soudaine insomnie. Parce que bon, à minuit, moi je dormais. D'ailleurs, j'adorais dormir. Mon sommeil passait avant tout ici, au Capitole. Surtout qu'avec des matelas et des draps pareils, il fallait que j'en profite au maximum. On n'avait pas cette chance dans nos districts nous. Alors je profitais de chaque parcelle du Capitole. Et la piscine, c'était vraiment le pied d'ailleurs. Même si je ne savais pas nager. Et lui non plus apparemment. Parfait. On partait donc sur un pied d'égalité. Je lui souriais. Je l'aimais bien. Il m'inspirait... Je ne savais trop quoi. Une certaine aura de chaleur. De confiance peut-être. Pourtant, je connaissais son statut de carrière. C'était peut-être l'un des plus déterminés et capables de s'en sortir vivant.

Une idée diabolique traversa mon génie de cerveau. Ou pas... Haha. « J'ai bien envie de me noyer du coup. » Commençais-je d'une voix mi-innocente, mi-blagueuse. Un petit rire cristallin s'échappa de mes lèvres avant que je ne glisse lentement dans l'eau. Quitte à avoir un sauveur, autant apprendre à nager par la même occasion. Ça allait sûrement m'être utile dans l'arène. Et je pouvais passer un très bon moment avec ce blond de surcroît. J'agrippais le bord d'une main et pris celle du blond dans l'autre. Mes longs cheveux blonds s'éparpillaient à la surface de l'eau. Et mon regard se voulait hypnotique mais zen. Oui oui, j'avais eu quelques expériences au district. Mais c'était juste pour m'amuser, rien de bien méchant... J'étais rarement allée au delà du baiser. Je lui offris un sourire avant de reprendre la parole. « Eh bien, nous n'avons plus qu'à apprendre ensembles. Viens... » Je le tirais dans l'eau. Il sembla suivre sans broncher. Une fois dans l'eau, je m'accrochais à son cou. Contrairement à lui je n'avais pas pieds. Et j'avais réellement peur de me noyer malgré l'instant on ne peut plus... Électrique. Mon visages était à quelques centimètres du sien. Nos lèvres semblaient s'attirer inexorablement. Mais je n'étais pas encore prête à les joindre... Il fallait savoir se faire attendre. Ou demander.