On rentre dans une salle vide, avec des murs de briques. La température est agréable. J'ouvre mon sac, et j'y trouve du pain, un élastique, un walkie talkie et une bâche. Ouain. Y'a mieux, mais bon. Je vais pas me plaindre. Et une statue en pierre. Un dragon. Avec un petit mot. J'ai peur de m'y approcher. Si ça se trouve, il est programmé pour nous bouffer. Je prends une bonne respiration, avant d'aller lire le mot d'une voix tremblante. « Bienvenue dans la première salle. Les explications de l'arène sont celles-ci: Vous devrez contrer huit salles. Chacune étant différentes des autres. Vous devrez survivre parce que, cette édition-ci, la finale sera spéciale. L'équipe qui réussit à passer les 8 salle, se verront tous nommés vainqueurs. Pour réussir les salles vous devrez réussir des défis. Voici le premier (énigme): « Prononcez le mot, qui sera votre vie. » Trois... trois gagnants? Je... je pourrais retourner chez moi sans avoir la mort de mes alliés sur ma conscience? C'est du jamais vu. Je fonce les sourcils. Le mot qui sera ma vie... Qu'est-ce qui est ma vie? Enfin... non, attends. Le mot qui SERA ma vie. Du futur. Donc, ma vie dépend de quelque chose. Pour que je vive, je dois arriver au bout des salles. En résolvant les énigmes. Donc, pour que je vive, il faut que je... qu'on devine la bonne réponse. Je me retourne vers Théo et... c'est quoi son prénom déjà? Luka? «Sera. Futur. La chose sans laquelle on va mourir. Et on meurt si on perd. Donc, pour vivre, on doit gagner.» Je me sens comme si j'étais en train de dérailler. Donc. Le mot qui SERA. Futur. Donc... De quoi dépend ma vie? Quel objet ou événement va me permettre de continuer à exister? Je me prends la tête avec les mains. Pour que je vive, je dois sortir de l'arène. Donc, pour que je vive, je dois gagner. Donc... «Heu... Victoire?» J'espère juste que le dragon reste en pierre. Sinon, ça va être chaud. Dans tous les sens. Oui, il va te bouffer. Toi et tes petits alliés. Oh, la ferme.

Je tremble comme une feuille. J'ai peur de ce qui va se passer. Et si jamais le mot n'est pas le bon? Et si jamais... j'ai signé mon arrêt de mort? Non. NOTRE arrêt de mort? Trois familles vont pleurer d'ici à... quelques secondes? Vais-je être retenu coupable de la fin de la vie de trois adolescents? Je me mords la lèvre inférieure. Si ça se trouve, dans quelques secondes, je serai mort. Je ne devrai plus m'inquiéter d'énigmes, de pièges, d'alliés. J'irai rejoindre Vaïo, bouffé par le poisson. Le frère de Mikhael. Tous les autres tributs qui ont pas réussi à gagner. Je trouverai le repos éternel. Sauf que je ne meurs pas. Mon heure est pas encore arrivée. Je suis encore en vie. La bouche du dragon s'ouvre. Et il y a quelque chose qui brille à l'intérieur. Une clé. J'ai... j'ai peur de ce qu'elle pourrait me réserver. Si je la prends, elle va peut-être me bouffer la main. Je me retourne vers mes ''alliés''. « Quelqu'un d'entre vous veut la prendre?» J'espère que l'un d'entre soit assez courageux pour le faire. Que l'un d'entre eux ait envie de jouer avec le destin. Mais non. Il y a un blanc. Très embarrassant. Et je comprends. Ils ne vont pas le faire. C'est... C'est à moi. Je marmonne dans ma barbe, de façon à ce qu'ils ne puissent pas comprendre. «Lâches.» C'est ce qu'ils sont maintenant, tout de moins, à mes yeux. Je marche vers le dragon. Il me fait toujours aussi peur. Ma main tremble. J'ai peur. Peur de perdre une main. Peur de saigner jusqu'à la mort. Peur de mourir. Mais je le fais quand-même. En utilisant la main droite (histoire d'avoir au moins la main dominante en bon état), je rentre dans la gueule du dragon. Et je prends la clé. J'ai peur. Je ne veux pas perdre ma main. Pas maintenant.

Je m'attends presque à voir la mâchoire du dragon se refermer, me trancher la main, faire couler le sang, m'arracher un cri de douleur. Je m'attends à me tortiller par terre, en tenant mon poignet ensanglanté, en criant. Je m'attends à voit le garçon du Douze arriver et me planter une flèche dans le crâne, pour achever mes souffrances. Pour que je meure. Pour que je ne sois pas un boulet. Mais non. Ma main est toujours attachée. Je me demande pourquoi une clé, alors qu'il n'y a pas de porte, pas de coffre, pas de... heu... rien qui nécessite une clé, en tout cas. Si ça se trouve, c'est une façon pour le Capitole de se moquer de nous. Mais bref. Je pense à ma famille, dans le Cinq. Ils pensaient peut-être que j'allais mourir au Bain de Sang. Mais non. La façon dont l'arène a été conçue m'a avantagé. En tout cas, assez pour que je survive jusqu'à ici. Des briques dans le mur d'en face commencent à bouger. C'est... étonnant, tout de même. Et le... trou, on va dire, qui vient de naître donne sur un couloir. Une autre salle? La deuxième de huit? Probable. C'est sans doute grâce à la clé. La porte qui nous emmènera vers une autre salle, un autre énigme. Mon visage affiche un sourire moqueur, pendant que je regarde les deux autres tributs. «Allons-y. Ou vous avez peur de ça aussi.» Si c'est moi qui va devoir faire tout le boulot... eh bien, ce ne sera pas drôle. Mais bon. Je me demande ce qu'il y aura après, comme énigme. Si quelqu'un devra mourir. Peut-être que l'un d'entre nous va devoir se sacrifier pour que les autres vivent. Mais pour le moment, on est encore tous sains et saufs. Personne n'est blessé, personne n'est mort. Et c'est ça qui compte... non?