Le soleil commençait à se coucher. La plage et l'horizon prenaient de jolies couleurs orangées. Quel magnifique paysage, décidément. J'avais l'impression de ne pas me trouver dans une arène mortelle. Loin de tout. Loin des problèmes de la vie quotidienne. Loin de l’oppression du Capitole. Loin de la pauvreté de mon district. Loin. Juste loin. Mon esprit était léger. Et pourtant, là, "dehors", m'attendait un ennemi. peut-être Drew, peut-être Alex, peut-être même Vaïo. Ça pouvait être n'importe qui. Mais ce qui était certain, c'était que l'un de nous allait périr ici. Je voulais gagner, seulement, je préférais ne pas trop me faire d'illusion. J'étais une fille. Et une frêle en plus. Si je tombais sur un géant, c'en était fini.

En parlant d'adversaire, au loin commençait à se dessiner une silhouette. Merde. Cette finale allait arriver plus vite que prévu. Moi qui espérais passer la nuit tranquillement... A penser à mes frères et à ce que j'avais accompli jusqu'ici. Méritais-je réellement de gagner ? Étais-je celle qui avait le plus besoin de rentrer chez elle ? Mes pensées se brouillaient et se mélangeaient entre-elles pour former un amas de conneries insipides. Qu'est-ce que je racontais ? Bien entendu que je voulais rentrer chez moi. Où étais donc partie toute mon ambition ? Toute ma volonté ? Toute ma fougue ? Je n'avais peut-être pas les muscles, mais j'avais les méninges. Et puis, mon corps avait été relativement préservé des pièges. J'espérais que ça ne soit pas le cas de mon adversaire.  

Je plissais des yeux pour arriver à mieux discerner qui était ce fameux adversaire. J'allais d'abord jouer sur la carte de la sensibilité. Et au pire des cas, ma dague accrochée à ma ceinture et cachée derrière un pan de ma veste ferait très bien l'effet de surprise. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je découvris Alex, à présent à quelques dizaines de mètres de moi. Il avait l'air salement amoché. C'était tant mieux... Peut-être que je pouvais l'avoir dans ces conditions. J'affichais un sourire innocent. Un sourire qui montrait à quel point j'étais contente que ça soit lui et pas Drew. Un sourire d'où transparaissait un énorme soulagement. Un truc du genre "enfin en sécurité". J'étais une comédienne remarquable. Mes frères eux-mêmes avaient toujours du mal à démêler la réalité du faux. A tel point que le mensonge passait presque pour la vérité. La limite. La frontière entre les deux mondes. « Alex ! Je suis tellement contente que tu n'aies rien ! » Dis-je d'une voix toute aussi "soulagée". Nous nous trouvions à une quinzaine de mètres. Je lui faisais un grand signe de la main. Le ciel s’obscurcissait de plus en plus, tout comme mes pensées.  

Nous étions là, maintenant, face à face. Mon coup n'avait aucunement marché. G-é-n-i-a-l. J'étais maintenant à sa merci, complètement. Étant blessé, mes moyens étaient limités, mes mouvements moins rapides, même une fille dans son genre, pouvait me battre. Surtout qu'elle avait une arme, ce poignard qu'elle veniat tout juste de sortir, c'était un très mauvais signe pour moi. Heureusement pour elle, les pièges l'avait épargnée. Pour moi, c'était le pur contraire. J'étais blessé, beaucoup. Nombreuses étaient les plaies dûes à ma course éfrenée jusqu'ici, ma morsure dans le dos, mon orteil cassé et mon poignet foulé. Si je n'avais pas eu cette crème hier, je serais déjà mort depuis longtemps. Très. J'avais eu une certaine chance dans ma malchance après tout. Je n'étais pas du tout attentif à ce qui se passait présentement, et en moins de deux, j'étais par terre, un poignard dans la jambe et une jeune demoiselle par dessus moi. «Oh, comme ça t'as décidé de me chevaucher, ma belle?» Ok, je l'admet, le temps n'était pas à la blague, mais je ne pouvais m'empêcher, la situation était bien trop drôle. Une demoiselle frêle qui tentait de me battre? Réveille toi Alex, tu es bien meilleur qu'elle, même avec un poignard dans la jambe. J'avais encore mes deux bras de libre. Contre toute attente, je retira le poignard de ma cuisse gauche et fit basculer la jeune fille. Ça saignait, beaucoup. Je me devais de finir ça, et en vitesse. Elle était sonnée, elle était tombée à deux mètres devant moi. Je l'avais solidement envoyée valsée. Tant mieux. Elle était à présent désarmée, et le gars dégoulinant de sang que j'étais, avec une mine de tueur en série, s'approchait d'elle, le poignard à la main. Son visage terrifié était si drôle à voir, c'en était pratiquement pitoyable. Mais qu'est-ce que je disais là? Je disais des horreurs. Ce n'est pas moi, toutes ces paroles intérieure. Non, l'arène n'a pas pu tant me changer, c'est impossible. Mais maintenant, il ne fallait pas y penser à cela. Je me concentrais sur Cora, je voulais en finir au plus vite, je ne voulais pas mourir en manquant de sang. Je lui sauta littéralement dessus, l'écrasant par le même fait. Je cogna sa tête sur le sol, violamment, pour qu'elle ne soit plus trop là, lorsqu'elle mourra. Je ne suis pas un assassin de pur sang, je ne suis pas un carrière normal, mais j'allais vaincre. Elle m'avait attaquée, elle qui je pensais être mon «alliée» m'avait foutu un poignard dans la cuisse. Oh ça, elle allait le regretter. En la voyant, j'allais probablement donner ma vie pour la sauver, mais là, c'est mort. Oh, quel jeu de mot ironique, puisqu'elle crèvera dans les prochains instants.

J'étais sur elle, je l'écrasais et continuais de cogner sa tête sur le sol, jusqu'attend qu'elle s'évanouisse. Je l'avais maîtrisé je ne sais comment mais j'avais réussi. Le sang coulait toujours, ça faisait un mal de chien en plus. Il fallait en finir, et vite. Mais c'est à ce moment qu'elle se réveilla, me prit le poignard des mains par surprise et me l'enfonca dans mon autre jambe. «Ça, tu vas le regretter» dis-je sèchement, après avoir lâché un immense cri de douleur. Je ne savais pas comment elle faisait encore pour être vivante après ces coups que je lui avais portée, enfin, elle n'avait pas été touchée par les pièges, mais quand même. Ça n'avait probablement pas été assez, le sable, c'est pas le truc le plus dur, après tout. Mais là, je perdais beaucoup trop de sang. Même si les plaies n'étaient pas profondes et que je ne risquais pas de garder d'énormes séquelles, le sang coulait. J'en finissai donc en saississant son cou et le cassant nettement. 

Voilà, le coup de canon avait sonné, ce dernier foutu coup de canon que j'entendrai pour la dernière fois de ma vie. Enfin, je l'espère... J'étais vainqueur des Hunger Games, j'avais réussi à tuer. Mais cette garce m'avait poussé à bout. Je n'aurais pas du en ressortir vivant, mais en m'attaquant, elle avait signée son arrêt de mort. «Enfin, c'est finit...» dis-je dans une expiration de soulagement total et absolu, juste avant de m'évanouir. De fatigue? Je ne sais pas. À cause de ma perte de sang? Peut-être bien. Le dos saignait, et les deux jambes. Les plaies à chaque endroit n'étaient pas bien profondes, mais tous ensemble, ça coulait assez vite. Mais entre les mains des médecins du Capitole, qui ferait tout pour garder un gagnant en vie, j'étais assuré de recevoir du sang et des soins assez vite. Et c'était le noir total, j'étais totalement évanoui. À peine entendais-je une faible voix annoncant que j'étais gagnant, qu'on m'embarqua dans un hovercraft.

Sur cette plage funèbre, se tient deux victimes des jeux. La première, Cora Fratellini qui vient tout juste de se faire tuer. Et la deuxième, Alex D. Artkinson, qui a la mort de celle-ci sur la conscience. Ce n'est que quelques secondes plus tard que l'hovercraft emporta les deux corps, morts ou inconscients. Pendant que Alex était en gros plan, nous pouvions voir de la tristesse dans son inconscience en voyant une larme couler.

Félicitation au District 3 et à son nouveau gagnant ! ALEX D. ARTKINSON !