ENTRETIEN DEVANT LES JUGES

May the odds be in your favor

Pour être tout à fait honnête, Elena s’en foutait un peu beaucoup de l’entretien devant les Juges. Certes, c’était sa seule occasion d’impressionner le Capitole par ses diverses talents. Certes, c’était le genre de trucs que les sponsors regardaient une fois dans l’arène. Certes, ça pouvait faire la différence entre la vie et la mort une fois dans l’arène. Mais en fin des comptes, rien de tout cela allait la sauver. Même si elle obtenait la note maximale, elle était consciente que l’arène serait impitoyable avec elle – la seule chose qui pouvait éventuellement la sauver, c’était la chance. Or, elle n’avait jamais vraiment été de son côté.

Elena entra donc dans la salle où les Juges l’attendaient, occupés qu’ils l’étaient à déguster un buffet des plus raffinés. Si elle n’avait pas spécialement réfléchi à ce qu’elle aurait pu faire pour passer le temps une fois dedans, elle n’avait pas la masse de choix : tout ce qu’elle savait faire, c’était coudre. Elle ne courait pas spécialement bien, elle ne savait pas nager, elle n’avait jamais appris à manier les couteaux ou les haches ou les tridents… les aiguilles c’était bien son seul talent, et ce n’était pas forcément valorisé dans les Hunger Games. Et manque de pot, il n’y avait pas d’atelier couture et tricot dans la salle d’entraînement, ce qui limitait grandement ses choix. Pour combler le tout, pendant les quelques jours qu’elle avait passé au Capitole, elle ne s’était nullement appliquée sur un quelconque atelier. Tout ça pour dire : elle n’avait aucun talent à montrer aux Juges, qui semblaient tout de même attendre quelque chose de sa part – même si les tributs du huit n’étaient pas vraiment connus pour leurs grandes capacités de survie. Elle alla donc en direction du premier secours, où elle savait qu’il y aurait des aiguilles et du fil – censés être utilisés pour coudre des blessures, mais ça allait bien faire l’affaire. Une fois sur place, elle déchira son haut dans toute sa longueur, se retrouvant donc avec plusieurs bouts d’habit dans les mains. Ensuite, assise en tailleur, elle se mit à le recoudre. Elle ne savait pas vraiment si les Juges la regardaient, mais elle s’en foutait un peu – elle continuait de recoudre ce haut dont personne ne voulait, comme si c’était un énième habit dont elle devait s’occuper dans le huit. Une fois ce cher travail terminé, elle avança vers le centre de la salle pour montrer aux Juges qu’elle avait terminée, avant de le remettre. C’était bien laid, mais au moins ça la couvrait de partout, et elle avait tout rattrapé. Elle se congédia toute seule, partant donc sans attendre que les Juges lui en donnent la permission. De toute façon, même si sa vie en avait dépendu, elle n’avait plus rien du tout à montrer.