Je n'arrive pas à dormir. Ou plutôt, je ne veux pas dormir. Car chaque fois que je ferme les yeux, des images de ma tante m'apparaissent. Ça pourrait encore aller si ce n'était pas morte que je la voyais. Et ce qui m'effraie le plus, c'est de savoir que ça vas arriver. Taty va mourir. Elle est malade et c'est moi qui m'occupait d'elle avant ... Avant que tout cela arrive. Sauf que maintenant que je suis ici, elle est seule. Et je vais mourir. J'ai vu les autres tributs, je n'ai tout simplement aucune chance face à eux, même si je trouve des alliés avec un bon potentiel. Parce que je cours peut-être vite, mais ça sera loin d'être suffisant pour survivre aux autres. 

Maintenant que j'ai pensé à tout ça le sommeil ne viendra plus. Alors je me lève de mon lit et m'habille rapidement d'un pantalon sombre et d'un sweat à capuche que je trouve dans le placard de ma chambre. Ici, rien n'est comme chez moi. Mes quartiers font la taille de trois, voir quatres maisons collés les une contre les autres dans le 11, la décoration est extravageante. Dans mon district, on ne dépense pas d'argent pour peindre les murs ou acheter des vases pour les poser sur des meubles de luxe. Surtout chez moi. Je vis seul avec Taty et elle n'a plus l'âge de travailler, alors c'est moi qui travaille dans les vergers, sous l'oeil des pacificateurs. Mais ça c'était avant, maintenant tout à changer. Enfin, le fait que je sois sous l'oeil des pacificateurs, non ça n'a pas changé. Je crois que c'est même pire. Ils sont partout ! Dans les couloirs, aux portes, ... Je passe en silence dans la pièce de vie qui est déserte. Je prend une pomme dans un saladier posé sur la table et sors dans les couloirs. 

Je croise un clown vétu de blanc, qu'est-ce que je disais ! Par-tout. Je sais où je vais. Sur les toits. Étant donné que je suis du 11, je n'ai que deux étages à monter pour y arriver. Quand j'y arrive, un sourire se dessine sur mes lèvres. Je vais être seul. Je n'aurais pas ma styliste qui me cours après pour m'arranger mes vêtements ou pour essayer de me couper les cheveux qu'elle trouve indomptables. Je vais être seul. Je m'approche du bord du toit et m'assois en laissant pendre mes jambes dans le vide entre les barreaux. Un vent frais se lève et je remonte ma capuche sur mon crâne tout en croquant dans la pomme. Je pense alors que cette pomme, c'est une personne de mon district qui l'a cueillie, peut-être sous les coups de fouets des pacificateurs. Je n'ai plus envie de la manger d'un coup, alors je la lâche dans le vide. Je la vois dégringoler jusqu'au sol, insignifiante au milieu de l'immensité qu'est le capitole. Comme moi, comme nous tous, habitants des districts. Nous ne sommes rien, nous ne servons à rien exepté à les nourrir et à leurs fournir ce dont ils ont besoin. 

Je soupire et lève les yeux vers le ciel. Il est noir, il y a des étoiles. Je pense à l'arène. Comment elle va être ? Qu'est-ce qu'il va falloir faire au lancement ? Surement courir. Courir comme nous n'aurons jamais couru avant. Courir pour sauver notre vie sous l'oeil pervers du Capitole. Parce que la Capitole se fiche de tuer les pauvres gamins que nous sommes, il se fiche des vies qu'il enlève indirectement, il se fiche du sang qu'il a sur les mains. J'ai envie de dire que le Capitole, c'est des abrutis.

J'entends des bruits de pas arriver vers le toit. La personne a l'air d'être seule. Moi qui voulais être un peu seul ici, benh c'est raté ...