Il fait froid, si froid. Je ne sens plus mes pieds. Je ne sens plus mes doigts. Mes membres sont congelés, mon visage est rougit. Combien de temps ai-je couru ? Combien de temps ai-je marché ? Je l'ignore. Mais rien n'a d'importance. Non, rien. Car au fond, qu'est-ce que l'importance ? Une simple idée que l'on attribut à une chose que l'on juge essentielle, primordiale. Mais si rien ne nous est essentielle, l'importance peut-elle exister ? Et quelque chose ne peut-il être sans importance ? Car l'on pourrait considérer, qu'au contraire, tout est important. Tout est important car tout peut-être vital. Le moindre élément est important. Le moindre. Et ce, depuis la nuit des temps. Si l'on retire un personnage d'une histoire, l'histoire en question ne sera plus la même. Car c'est le but même d'un détail... Un détail fait qu'une chose n'est pas identiques à une autre. Tout n'es que détail. Mais tout est important.
Et pourtant, rien n'a d'importance.
Bizarre, n'est-ce pas ?

Je m'assois dans le noir, seule, fatiguée, essoufflée. J'aurais pu tomber n'importe où. N'importe où, et il a fallu que je me retrouve dans une sorte de galerie. Et des galeries, il y en a plein ! Au moins, c'est une bonne cachette, je ne m'en plein pas. Mais le problème, c'est que je n'ai rien, vraiment rien. Pas de sacs. Pas d'eau. Pas de nourriture. Enfin, tant qu'il me reste mon esprit, tout n'est pas perdu. Je dois survivre, survivre à tout prix. Que ce soit perdu d'avance, que je dois mourir de telle ou telle manière, je n'en ai rien à faire. je dois survivre. je vais survivre. Pour le moment. Car après, je disparaîtrais. Je disparaîtrais car je ne suis personne. Nous poserons alors comme question "comment peut-on ne pas être ?" Et bien, on peut ne pas exister quand notre vie nous a détruit. Les jours sombres ont avalés mon coeur. Depuis, je ne suis personne. Je ne suis personne, car je ne suis plus rien. Je ne suis plus rien, car je pense que je n'ai pas d'importance. Je n'ai pas d'importance, car rien n'est important. Mais tout n'est que détail. Mais tout est important.
Et pourtant, je suis sans importance.
Bizarre n'est-ce pas ?

Alors dans ce noir qui m'entoure, dans ce silence qui m’oppresse je me demande... je me demande qui je suis. je me demande qui je suis pour exister.

Car rien n'est important.
Et c'est parce que rien n'est important, que personne ne pourrait comprendre ce que je suis entrain de penser. Si je retranscrivais ce à quoi je songe en ce moment même par écrit, les gens me regarderaient avec de la peur dans les yeux.

Mais ce n'est pas grave. Non, ce n'est pas grave.

Car rien n'est important. mais tout n'est que détail. Mais tout est important.
Et pourtant, rien n'a d'importance.
Bizarre n'est-ce pas, comment parfois, expliquer les choses est compliqué ?

Je suis, mais je ne suis pas.
Je vis mais je ne vis pas.

Je ne suis rien.

Je ne suis personne.

J'ai froid. Si froid. Je me frotte les mains. Je remue les jambes. Et puis, je me mets à marcher. Je fais les cent pas. Il le faut. Car si je reste statique je vais geler sur place. Depuis combien de temps suis-je là ? je l'ignore. Combien de personnes sont mortes ? Je l'ignore aussi. Vous ne croyez quand même pas que je suis le genre de fille qui écoute et compte le moindre coup de canon ? Car ce serait vous méprendre lourdement... Je n'en ai strictement rien à faire. Il n'y a qu'un seul survivant, alors... a quoi bon compter sur ses doigts le nombre de meurtres ? Hum, oui, je vous l'accorde, tout d'abord, il faut savoir compter... Parce qu'une personne qui ne sait malheureusement pas aligner deux chiffres, va être mal barrer si elle compte tuer le temps en se renseignant sur le nombre de décès...

Je m'ennuie. Il n'y a rien à faire dans ces galeries. Et puis, c'est pas vraiment la chaleur... Enfin, je suppose qu'à l'extérieur il fait encore plus froid, non ? Hum, de toute manière, qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Je n'ai pas vraiment besoin de me poser des question. Pourquoi ? Bah, parce que je vais crever pardi. Quoique personnellement, ça me fera bien rire. C'est tellement stupide de vouloir ôter la vie d'une petite fille sans défenses qui n'a même pas d'objets...

Enfin, la moitié des tributs sont des pigeons alors... Ca ne m'étonnerait pas que l'un d'eux vienne me trouver pour me dire "Je peux te tuer s'il te plaît ?"

Mais la question est là... Arriveront-ils à me trouver avant que je ne meurs de faim et de froid ? Car je sais très bien me cacher moi...