Je continue à courir à toute vitesse. Mon corps semble me lâcher, mais la peur est tellement forte, que je redouble d'efforts. La forêt. Je me sens chez moi, c'est bizarre. Je me calme, personne ne m'a suivit. Je regarde autour de moi et observe une végétation luxuriante. L'herbe est blanche, tout comme cette satanée combinaison. De nombreux buissons sont éparpillés un peu partout. Je reconnais beaucoup de baies, certaines plantes sont même comestibles et d'autres mon frère les utilises pour guérir des fièvres ou des blessures. Je cueille quelques baies comestibles que je fourre dans ma poche, dans la poche intérieur de ma veste, j'y glisse des baies rouges empoisonnées.

Je devrais peut-être vérifier s'il n'y a pas un cours d'eau quelque part, mais ce serait risquer de m'aventurer plus. La forêt est une amie, mais il fait trop noir pour le moment. J'entends des cris au loin. Les arbres sont hauts, leurs troncs larges et imposants. Ça ne me dérange pas, car je suis un bon escaladeur. Avec mon poids léger, je peux me hisser vers les plus hautes branches, sans problèmes. Le soucis, c'est que je n'ai pas d'armes sur moi. Il me faudra survivre de la cueillette et trouver une source d'eau pour demain. J'avance encore un peu, histoire de repérer les lieux. Malgré la nuit noire, l'herbe blanche me permet de me donner quelques points de repères, ce qui n'est pas négligeable. Je fais deux pas en arrière et tombe dans une source d'eau plutôt tiède. Bon sang, me voilà encore trempé !

Je secoue mes botes et remarque qu'il s'agit d'une eau douce. J'en bois un coup histoire de m'hydrater un maximum, car je sais que là haut, perché dans les arbres, je n'aurai pas forcément de quoi boire. Il ne faut plus perdre de temps. Le massacre à déjà commencé à la corne et j'espère survivre plus de deux jours quand même. Je monte à un arbre qui me semble être le plus haut des environs. Mon poids de plume et ma petite taille me permet de monter rapidement et assez haut. Une fois arrivé vers les plus hautes branches, je me cale contre le tronc et rabats sur moi autant de feuilles que possible. J'espère qu'on ne me verra pas. Je mange une baie comestible et pense à ma famille. Je suis sûr que Milo me dirait que j'ai fait le bon choix. Aaron aurait tenté sa chance pour un sac au moins. J'aurai dû prendre un sac ... je m'en veux, mais le carrière du district 1 m'aurait étranglé avec son fouet, sans hésitation. Ce type est un malade, il faut que je l'évite...

J'ai peur qu'on me trouve, mais je me sens tout de même en sécurité. Si ça se trouve, personne ne viendra avant plusieurs jours et j'aurai le temps de redescendre pour me trouver un autre abri encore plus sûr et récolter quelques baies. Il me faudrait retourner à la corne d'abondance et prendre un sac, mais j'ai peur qu'il soit trop tard.

J'essayais de fermer l'oeil, camouflé entre les branches de mon arbre. Mais c'était peine perdu. Mon coeur continuait à battre la chamade, car j’appréhendais la venu des carrières. J'avais fuit aussi loin que possible, aussi loin que mes frêles petites jambes m'en avaient donné la possibilité. Ça faisait bien deux heures que j'étais parti du bain de sang, deux heures dans le silence presque religieux de cette forêt tortueuse. Je guettais le ciel couvert de mille étoiles. Il était presque trop clair pour distinguer toutes les constellations. Je me rappelait vaguement de mes frères et de leurs sarcasmes. Comme si j'essayais d'oublier ma famille, pour ne plus que penser à ma survie. Je me demandais si la fille du district 7 était toujours en vie. Lors des entrainements, elle m'avait promis une alliance, même si je n'y croyais pas trop, j'étais ravi de voir que quelqu'un avait pitié de ma personne.

Je lâchais un soupire en essayant de me blottir contre le tronc de l'arbre. Les bras croisés, je toisais le ciel d'un air triste. Soudain, l'hymne de Panem et le logo du Capitole qui s'affiche dans les airs. Je n'ai jamais compris comment celui-ci apparait. Milo m'avait dit qu'il s'agissait d'un gros engin qui affichait une sorte d'immense écran dans le ciel et qui disparaissait comme par enchantement, sans qu'on ne puisse le voir. Le visage du garçon du district 6 apparut. Il n'avait que 15 ans, mais je ne le connaissais pas. La fille du district 12 suivit aussitôt, ensuite Eireann du district 7 ... mince elle est morte. Et enfin Preston Mallay du district 10 ... il n'avait que 13 ans. Je me sens chanceux en quelque sorte. Il ne reste plus que 8 tributs et j'espère pouvoir être en vie jusqu'au bout.

La soif se fait sentir. Ma gorge est sèche, mes lèvres gercées, je dois descendre prendre un peu d'eau. Mais cette idée est risquée. Premièrement, je peux me faire repérer si je fais trop de bruit. Deuxièmement, je ne sais pas si des tributs sont dans ma zone et je risque de me faire surprendre à n'importe quel moment. Mais la soif est trop forte. J'ai repéré une source d'eau douce non loin de là. Je dois descendre de mon arbre. Je mange une baie sucrée et saute de l'arbre. J'atterris sur un tapis de feuilles mortes, ce qui atténue légèrement le bruit de mes pas. C'est une chance, mais également un sacré piège. Si l'on ne m'entend pas, je n’entendrai pas les autres tributs.

Au bout de quelques minutes, je repère la source d'eau. Je bois autant que je peux, histoire de bien m'hydrater. Je regarde autour de moi et voit quelques plantes qui pourraient me permettre de fabriquer des collets. Mais je n'ai ni couteau, ni aucune arme tranchante pour me fabriquer quoique ce soit. La lune est particulièrement généreuse où je suis. J'ai presque l'impression d'être en plein jour et cela me permet de discerner aisément les arbustes fruitiers qui foisonnent en abondance près de la source d'eau. Quelques baies d'un rouge sang se tiennent à ma gauche. Je décide de fabriquer un camp près de la source d'eau potable.

Je place des branches pour un feu et décide de l'allumer avec deux pierres. Ca ne me prend pas trop de temps, car j'avais l'habitude d'allumer un feu rudimentaire avec mes deux frères, lorsqu'on partait en camp. Ensuite je tapisse le sol de grandes feuilles imperméables que j'arrache d'un arbre. Je prends des feuilles comestibles que je fourre de baies, que je dispose près du feu de camp. J’étale les baies un peu partout sur le camp. J'entends du bruit. La peur me prends aux tripes, je décide de fuir le camp, quelque peu désolé de mon travail inachevé ...

Prudemment, je remonte dans mon arbre, bien hydraté le coeur battant à tout romprer. Avant de monter, j'ai pris soin de fourrer mes poches de pierres. J'en balancerai de mon arbre pour viser la tête du premier venu. Je me colle au tronc, regarde au loin et observer la lune ronde avec curiosité. Est-ce que j'aurai des sponsors ? Je n'en sais rien. Je soupire.

Mon coeur bat à cent à l'heure. J'essaie de garder le plus de contenance possible, la main plongée dans ma poche, les doigts jouant avec mes cailloux. Un autre tribut est proche. J'ai dût laisser mon camp de fortune et le froid commence à se faire sentir à la cime des arbres. Je suis haut perché parmi les branches fines et je doute que la blonde du district 3 puisse grimper jusqu'ici. Je la regarde entre les feuilles blanches de l'arbre, l'air suspicieux. Me prend-t-elle pour un imbécile ? Je veux qu'elle dégage, j'ai besoin de me réchauffer. Comment la faire partir ? J'espère qu'elle n'a pas vu le coin d'eau près du campement ... La fumée du feu ne devrait attirer personne. Il fait encore sombre et je suis convaincue que la tribut blonde est arrivée là par pur hasard. Je soupire.

- Non, non, non ! Désolé mais les alliances ça ne m'intéresse pas du tout ! Je n'ai pas confiance en toi ! Va t-en ! criais-je du haut de mon arbre.

Qu'elle essaie de grimper pour m'attraper, elle n'y arrivera pas. Les branches cèderaient sous son poids et elle risquerait de se briser la nuque dans la chute. Et même si elle y arrivait, je sauterai aisément sur l'arbre voisin. Dans mon district, j'avais l'habitude de grimper le plus haut possible dans les arbres fruitiers. La hauteur ne me fait pas peur. Milo me traitait toujours de petit singe et que ça serait peut-être ma porte de sortie vers la victoire. Mais il fallait bien que je redescende un jour, rien que pour me réchauffer près de mon feu. J'espérais qu'elle se lasse et qu'elle me laisse tranquille. Mais j'en doutais fortement.

Le manque d'animation dans cette zone agace les createurs et ils décident de faire bouger un peu les tributs. 
Un gros ours apparement affamé apparait au pied de l'arbre où se trouve Loic, face à Nora. Pour compliquer encore plus la tâche aux deux tributs, la branche sur laquelle se tient Loic casse et il fait une chute. Pendant celle-ci, il se brisera le poignet gauche. L'ours a bien l'air décidé à manger et poursuivra les tributs jusqu'à ce qu'il ne puisse plus les atteindre ou qu'il les ai mangés.

Je lui tire limite la langue, car l'envie de m'allier avec cette personne ne me dit rien du tout. Pourquoi veut-elle subitement devenir mon amie, alors qu'elle possède des armes et qu'elle m'a jamais adressé le moindre regard lors des entrainements. Je me tiens fermement à ma branche et décide de monter un peu plus pour qu'elle ne puisse pas m'atteindre. Je n'ai pas envie de mourir aujourd'hui. L'air se fait légèrement plus frais en haut et les branches sont si fines qu'elles manquent de craquer sous mon poids. Mais j'ai l'habitude de grimper haut. Dans nos vergers du district 11, j'étais l'un des plus jeunes à monter le plus dans les arbres. Alors que je profite de la vue pour essayer de repérer d'autres tributs, j'apperçois une masse sombre sortir des fourrés. Un terrible ours s'approche dangereusement de mon camp de fortune. Bizarrement, je tremble et je souhaite à tout prix que Nora s'en aille.

- Nora attention ! Un ours approche !

Je ne sais pas si elle me croit. Peut-être pense-t-elle que c'est une ruse de ma part pour qu'elle parte. J'espère que non. Je décide de descendre de quelques branches pour pouvoir sauter dans l'arbre voisin. Malheureusement, lorsque je pose mon pieds sur la branche sur laquelle j'étais assis quelques secondes plus tôt, celle-ci cède sous mon poids. Ce n'est pas normal... mais je n'ai pas le temps de réfléchir et je me vois tomber de plusieurs mètres. Heureusement, ma chute est amortie par un épais buisson et je me relève légèrement sonné. J'essaie de reprendre rapidement mes esprits car Nora pourrait profiter de la situation pour me tuer. Mais l'ours est à quelques mètres à peine de nous. Je déglutis péniblement et je sens une grosse douleur au poignet. J'attrape Nora par le poignet et l'entraine dans une course folle. Je crois que je n'ai pas envie de la voir mourir. Peut-être qu'elle me tuera, peut-être pas. Je m'en fiche car pour le moment, l'ours noir nous court après.

Il sera difficile de grimper aux arbres avec un poignet cassé, alors je cours aussi vite que mes jambes me le permettent. La forêt est dense et les racines noueuses manquent de nous faire trébucher plusieurs fois. Je perds la main de Nora dans la précipitation et détale droit en avant. Je ne sais pas où je vais et je risque probablement de percuter un autre tribut. Mais la peur me tenaille le ventre et je ne songe qu'à fuir. Je cours jusqu'à en perdre halène et me voilà rapidement entouré de hautes herbes. Mes pieds pataugent dans l'eau et j'ai du mal à avancer sans m'enfoncer. On dirait une sorte de marécages bizarres. Je suis en zone 4.

L'ours a du choisir entre Loic et Nora. Il a préferé pourchasser Nora et il ne la lâchera plus tant qu'elle ne s'en sera pas debarasser.