«Hé!» Je me retourne, en voyant un enfant par terre. D'après son expression, je l'ai probablement heurté, en le faisant tomber. Mon cerveau le voit dans l'arène, par terre, pendant qu'il se fait tuer. C'est... assez perturbant. Regarder un gosse, en se demandant si on réussirait à lui trouver des sponsors. Si ça changerait quoi que ce soit pour lui. S'il pourrait survivre au Bain de Sang, ou bien, s'il mourrait avant même la fin du compte à rebours. Si sa mère allait me retenir coupable de la mort horrible de son enfant. Si un père allait gueuler des obscénités envers moi, pour n'avoir pas réussi à garder sa fille en vie. Si une fille allait pleurer à cause de la mort de son petit ami. Et c'est atroce. Mais au moins, je suis en vie. Et c'est déjà pas mal. Et puis, je peux pas rentrer dans l'arène pour aider mes tributs. Donc, je n'aurais jamais rien à me reprocher, au cas où. C'est ça les plaisirs d'avoir gagné les Hunger Games.

Je continue à marcher dans la rue, bordée d'habitations. Comme la mienne, avant que je retourne ici, après mon expérience aux Jeux. Parfois, je regrette ma vie d'antan. Quand Jakob et Eva étaient encore là. Quand la principale occupation, pour nous, était de s'amuser. Quand nos paroles animaient la journée. Quand on rôdait dans les champs, en jouant à... tout et rien. Quand on grandissait ensemble. Maintenant, moi, mes parents, mon frère et mes sœurs, nous habitons dans une maison dans le Village des Vainqueurs. La seule des douze qui est occupée. C'est tellement... déprimant. Mais bon. Je laisse aller mes jambes où elles me portent. De toute façon, je n'ai nulle part de précis où aller. Pas d'école, pas de travail, rien.

L'odeur de céréales arrive à mon nez, pendant que je marche toujours. Mes pensées volent au loin, au passé, à l'enfance. Finalement, je m'arrête, avant de m'asseoir à côté du champ, en regardant les céréales soignées par les agriculteurs, pendant que mes pensées divaguent.